Procès des viols de Mazan : quelle place donner à l’expertise psychiatrique ?
Plusieurs psychiatres ont déposé à la barre durant le procès des viols de Mazan, notamment pour aider la cour criminelle à établir la responsabilité et la dangerosité des 51 accusés. Quelle place tient l’expertise psychiatrique dans les procès de violences sexuelles ?
- Ludovic Friat, Président de l’Union Syndicale des Magistrats (USM)
- Louise Beriot, Avocate pénaliste, porte-parole de la Fondation des femmes.
- Laurent Layet, Psychiatre, président de la Compagnie nationale des experts psychiatres près les cours d’appel (CNEPCA)
Le procès Mazan se déroule devant la cour criminelle du Vaucluse, à Avignon, depuis le 2 septembre 2024. Durant le réquisitoire qui s’est achevé ce mercredi 27 novembre, des experts en psychiatrie ont défilé devant la barre de la cour criminelle pour évaluer la santé mentale des co-accusés. Les bilans psychiatriques divergent selon les experts interrogés : alors que le docteur Philippe Darbourg, a déclaré devant la Cour qu’il n’a décelé « de tendances déviantes ou perverses » chez aucun des hommes qu’il a expertisés, le psychiatre Laurent Layet considère que les accusés ne peuvent pas être «catégorisés comme des hommes ordinaires », étant donné que « le passage à l’acte lui-même fait passer l’individu dans une autre catégorie », bien qu’ils n’aient « pas le profil criminologique de violeurs en série ». L’expertise psychiatrique, obligatoire en matière de violence sexuelle dans un procès, peuvent ainsi influencer le jugement qui sera rendu. Comment travaillent ces experts ? Pourquoi leur rôle est-il parfois critiqué ? Peuvent-ils évaluer la dangerosité d’une personne ?